La crise du Covid-19 a accéléré la mise en place de technologies et, surtout, leur utilisation.

ToubipBip a ainsi développé la téléconsultation pour les praticiens de la santé en un temps record. Retour d’expérience après quelques semaines avec Michael Ralet, Customer Experience Officer (CEO) chez Toubipbip.

 

Initialement, ToubipBip ne faisait pas de vidéoconsultation…

Michael Ralet : En effet, Toubipbip a été créé en 1983 pour accompagner les médecins dans leurs tâches administratives, dont la gestion de l’agenda et la prise de rendez-vous par téléphone.

Juste avant la crise, près de 300 prestataires de soins tels que des médecins, des kinésithérapeutes, des dentistes ou d’autres spécialistes, travaillaient déjà avec nous pour la prise de rendez-vous ou la gestion de l’agenda électronique.

 

Comment avez-vous vécu le début du confinement ?

M.R. : Au niveau de l’entreprise, le télétravail a été assez simple à mettre en place puisque notre technologie le permettait déjà. En temps normal, nos collaborateurs viennent au bureau, mais il arrivait régulièrement que ceux-ci prestent depuis leur domicile pour diverses raisons (même parfois d’ordre privé). Le « home working » faisait déjà partie de la culture de ToubipBip.

D’autres événements ont été moins évidents à gérer. Nous avons eu beaucoup d’appels de patients qui se posaient des questions par rapport au coronavirus. Nous avons également mis en place un call d’urgence pour la Fédération des Associations des Médecins Généralistes de Bruxelles. Et puis, nous avons finalisé un service qui était encore en gestation : la téléconsultation.

 

Comment a été mis en place ce service de téléconsultation ?

M.R. : Il y avait déjà un projet de téléconsultation dans nos cartons. Dès mars, nous avons avancé avec une entreprise française de développement avec laquelle nous collaborions. Nous avons travaillé assez rapidement et, début du mois d’avril, nous avions une version efficiente.

Les médecins n’étant pas des informaticiens, nous devions garder un environnement connu. À partir de l’interface habituelle, le service de téléconsultation a été ajouté. De cette façon, l’utilisateur n’a plus qu’à opter pour ce service et il est alors dirigé vers le module dédié.

L’avantage pour le médecin, c’est qu’il conserve un environnement qu’il connaît déjà (s’il utilisait nos services précédemment) et qu’il a accès à sa base de données et son agenda. Le système gère la prise de rendez-vous ; envoie un rappel au patient avant la consultation ; le fait de patienter dans une salle d’attente virtuelle le temps que le médecin ait fini son rendez-vous précédent ; il transmet encore les documents nécessaires comme des attestions ou des certificats ; permet l’encodage de commentaires ou de notes, etc. Le tout dans un environnement intégralement maitrisé : le médecin et le patient ont un espace auquel ils sont les seuls à avoir accès ; nous utilisons des serveurs ultrasécurisés ; et nous garantissons la confidentialité des données des patients.

 

Ce service a pu être développé grâce à la crise du covid19 en quelque sorte … ?

M.R. : On parle de télémédecine depuis des années. Du point de vue des mentalités, jusqu’alors, un rendez-vous médical devait de facto être le résultat d’une rencontre physique avec une anamnèse basée sur la prise de paramètres comme la tension, le pouls ou la température éventuellement. Cette approche est toujours d’application. La téléconsultation n’est pas en opposition avec cette position. Elle est complémentaire, puisqu’elle permet de filtrer les patients qu’il faut voir en consultation ou qu’il faut envoyer éventuellement aux urgences ou chez un spécialiste. C’est ce que la crise du Covid a pu montrer.

Du point de vue administratif, nous devions également attendre que l’INAMI crée des codes pour reconnaître ces consultations par téléphone ou vidéoconférence. Ce qui est le cas depuis le mois de mars 2020.

 

Dans votre cas, cette crise a finalement été une « opportunité » … ?

M.R. : C’était en effet une opportunité : celle d’aider les praticiens à continuer leurs activités sous une autre forme. Beaucoup d’entre eux sont des indépendants. Avec le confinement, ils n’auraient pas pu continuer à travailler ni assurer le suivi de patients parfois indispensables pour certaines pathologies.

Au total, nous avons eu 28 clients qui sont passés à la téléconsultation pour 468 téléconsultations de mi-mars à mi-mai. Pour l’anecdote, il y a eu deux médecins généralistes qui ont beaucoup utilisé le système car ils ont eu même eu le Covid…

Je crois que la téléconsultation peut réellement servir de filtre pour déceler les urgences et assurer un tri entre les patients.

 

Sur le long terme, quelle vision avez-vous de ce service ?

M.R. : La téléconsultation ne remplacera pas la rencontre physique. Celle-ci est essentielle à la pratique médicale. Elle peut être néanmoins complémentaire. Par exemple, pour du suivi médical léger : si le médecin souhaite voir l’évolution d’une plaie, le déplacement du patient peut être dispensable.

Il faudra également voir comment la télémédecine va se développer dans les prochaines années avec la prise de paramètres par le patient lui-même (tension, rythme cardiaque, sommeil, etc.). Mais cette crise du Covid-19 aura au moins permis à l’outil de se développer.

 

 

Article initialement paru ici http://well-livinglab.be/teleconsultation-devenue-realite-grace-au-confinement

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